Une œuvre avec INSCRIRE
HORIZON D’ATTENTE est une œuvre urbaine en grès et peinture conçue par l’association INSCRIRE, Françoise Schein et Virginie Levavasseur, à laquelle ont participé des jeunes du collège des Provinces, du collège Bucaille-Charcot et des personnes détenues à la maison d’arrêt de Cherbourg-en-Cotentin.
Ce projet est né du souhait, de l’artiste cherbourgeoise Virginie Levavasseur, de porter et créer un projet dans sa ville. Elle a réuni toutes les conditions nécessaires pour créer une immense œuvre de 450m2 sur la façade de la Maison d’Arrêt de la ville.
L’œuvre réalisée en 2 parties HORIZON et D’ATTENTE et renvoie au devenir que chaque personne détenue construit patiemment jour après jour en détention. Mais bien plus qu’une attente d’horizon, l’œuvre de INSCRIRE propose de lire dans les textes fondamentaux un horizon d’attente sociétal et individuel.
Horizon d’Attente est ainsi inscrit en lettres monumentales incluant les droits fondamentaux en textes et en images dans le corps même des lettres. Une mise en abîme de sens vers un horizon d’attente ou dans l’attente d’un horizon nouveau.
Une méthode de création incluant une multiplicité de pensées.
La création artistique de cette œuvre cherbourgeoise inclut une importante démarche pédagogique qui s’inscrit dans la longue série des œuvres du même type de l’Association Inscrire.
Françoise et Virgine ont invité les jeunes des écoles et les personnes détenues à participer à cette œuvre en leur demandant d’imaginer des interprétations figuratives des textes des droits fondamentaux. Peintes sur 6 carreaux de grès dans des formes ovales, ces œuvres miniatures dialoguent avec la monumentalité des mots ATTENTE D’HORIZON.
La méthode pédagogique est répartie en 4 temps : Les présentations du projet aux élèves, professeurs et aux détenus, sont suivies d’un atelier de dessin autour de réflexions sur chacun des articles des droits fondamentaux. Dans l’école, une exposition-concours est organisée avec tous les dessins des jeunes. Un jury décide des meilleurs dessins et les œuvres choisies sont ensuite peintes par leurs auteurs sur des carreaux de grès. Françoise et Virginie mènent et supervisent toutes les étapes pédagogiques et techniques.
À l’Esam, l’équipe de Inscrire, assistée d’étudiants en beaux arts, finalisent les œuvres, les cuit dans un four et agence au sol tous les carreaux pour former les 15 immenses lettres composant l’œuvre.
Tous les jeudis de la semaine un marché ouvert s’organise devant et contre les murs de la maison d’arrêt, les mots immenses devenant ainsi une sorte de toile de fond pour les maraîchers, les fleuristes, les boulangers et fromagers les apiculteurs et les artisans en tous genres.
Les mots HORIZON D’ATTENTE
« Lors de ces trois dernières années, lorsque nous avons rencontré les personnes détenues qui allaient participer au projet, j’ai été frappée d’entendre deux types de position.
La première était celle de la personne incarcérée consciente de sa faute, de son mauvais agissement, et dans le repentir.
L’autre, acceptant comme une fatalité ses jours en prison, en en faisant tant bien que mal son terrain de vie désormais, n’ATTENDANT plus rien d’autre.
Qu’est ce qu’attendre ? Un creux, un silence, une intimité, douloureuse bien souvent.
C’est aussi un espoir.
La maison d’arrêt comme lieu d’espoir ici, où les horizons doivent s’ouvrir, où des anonymes se construisent de nouveaux départs.
Les lettres sont très grandes.
De ce coté là de la rue, on a du mal à lire
Cela engage le passant à prendre du recul pour bien lire le mot qui se dessine : D’ATTENTE
Le d’ suggère un mot qui précède
Le d’ suggère de lier les deux mots : « Horizon » sur le mur de la rue Collard, et « Attente » ici, rue de l’ancien quai.
Cela nous engage à faire au moins mentalement le tour du bâtiment, à en être extérieur, à le considérer pour ce qu’il est.
C’est notamment ce que souligne monsieur Yves Lechevallier dans ce cartel. je vous lis un extrait du texte de monsieur le directeur interregional de l’administration pénitenciaire de Rennes alors en place.
« La Culture apporte des couleurs, des sons, des vibrations, donne un fond qui reste sous ses formes qui bougent.
Toi le passant-qui-passe devant cette prison, fais-en sorte de n’y entrer qu’en rêve mais de t’y intéresser en réalité pour apporter ta part du colibri à l’horizon de nos attentes. »
L’expression :
HORIZON d’ATTENTE tant de fois utilisée par de grands philosophes cherche à interroger ici la lecture des textes fondamentaux.
Que découvrirez-vous sur cette grande publication, sur ces murs symboliques?
dans les lettres formant HORIZON les droits de l’homme de 1948,
dans les lettres format ATTENTE de extraits de la convention des droits de l’enfant de 1989.
Comment les lirez-vous, à l’aube de l’année 2020?
Ces droits, nous les lisons par le truchement de notre société actuelle. Dans Pour une esthétique de la Réception paru en 1990, Hans Robert Jauss démontre que l’oeuvre littéraire est toujours à naitre, toujours mouvante, écrite et réécrite en fonction des lecteurs et de leurs horizon d’attente.
Et bien, l’horizon d’attente, c’est avec les jeunes générations que nous le construisons, avec les enfants.
Le monde vacille.
La montée des fascismes, encore, déjà!
partout. tout autour de nous, et ses corollaires: la peur, la méfiance, l’intolérance.
Le monde vacille alors que nous entrons depuis un demi siècle dans l’ère de l’anthropocène, dans une ère où les actions de l’homme ont un impact formidable sur tout ce qu’il touche. C’est dire sa force.
Tel, dans la mythologie, le roi midas dont le voeu le plus cher fut que tout ce qu’il touchât devint de l’or. Encore faut il considérer que cet âne de roi avait oublié de réfléchir qu’il allait lui même s’anéantir, s’affamer, ne pouvant plus rien avaler qui ne se transforma préalablement en or !!
L’homme est capable des plus belles prouesses, mais il faut qu’il affirme sa volonté de vivre ensemble, en respectant l’autre, en respectant la nature.
Si nous prenons le temps de nous arrêter pour lire les dessins des enfants, pour découvrir les textes fondamentaux, nous constaterons qu’il est possible de rêver aux idéaux.
Il suffit juste de la vouloir. ensemble.
Il faut suivre l’intelligence du cœur, les voix sages et puissantes d’enfants comme Malala ou Greta Thunberg.Prenons le temps de lire ce que les enfants nous dessinent, et créons avec eux un horizon d’attente. »
Texte d’inauguration de l’œuvre intégrale.
Virginie Levavasseur, 2019, Cherbourg
Partenaires :
- Collèges les Provinces
- Collège Bucaille – Charcot
- Esam-Ecole supérieure d’arts et médias de Caen/Cherbourg
- Théâtre du Trident
- Kap Compétences
- Académie Caen éducation Nationale
- Ville de Cherbourg-en-Cotentin
- Maison d’arrêt de Cherbourg-en-Cotentin
- S.P.I.P – Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de la Manche
- Services Pénitentiaires de Rennes
- Préfète de la région Normandie
- Direction régionale des affaires culturelles de Normandie
- Ministère de la Justice
- Administration Pénitentiaire Cherbourg
- SNCF Fondation
- Crédit Agricole Normandie
- Fondation le Grand Orient de France
- Réseau Canopé